Julie Potvin et Pierre Pereira composent le couple mythique de la « Dame aux Camélias ». Comment perçoivent-ils leurs rôles ?
Qui est Marguerite ? Qui est Armand ? Comment apparaissent ces deux êtres ?
Julie : Marguerite est une sorte didole qui rayonne extérieurement mais savère fragile en profondeur. Cest un personnage ambigu puisquelle connaît son pouvoir sur les hommes et sattache à un seul dentre eux.
Pierre : Armand est littéralement habité par la passion. jeune, beau, un peu niais car son expérience de la vie est très limitée, il est animé par la jalousie et la peur de perdre la femme quil aime.
Nous avons affaire à des personnages dautrefois. Mais sont-ils si éloignés de nos contemporains et, en particulier, des jeunes que vous êtes ?
Julie : Le décalage nest pas très sensible. Un gros effort dimagination nest pas nécessaire pour les comprendre.
Pierre : Il sagit de cas individuels qui se situent hors des normes. Ils ne représentent pas les Monsieur et Madame Tout-le-monde de leur époque. Armand, surtout, reste étonnant par son obstination, sa fidélité exceptionnelle. Pour le reste, ils sont plongés dans des situations qui nont rien dinvraisemblable. Mais ils saccrochent à lidée que lamour peut transcender la mort.
Lun et lautre passent par des moments extrêmes : de lespoir au déchirement. Est-ce que cela ne vous complique pas la tâche ?
Julie : Extrêmes, cest beaucoup dire. En fait, tout ce que vivent Marguerite et Armand est lié à leur amour. On peut donc les comprendre et sidentifi er à eux sans trop de problèmes...
Pierre : Cest vrai que chez Armand laff ectivité lemporte, le cur est constamment victorieux de la raison. Ceci dit, ces personnages sont assez complexes pour nous. Ils sont étrangers à notre monde, à nos habitudes. Doù lintérêt du jeu ! Sils nous ressemblaient, ce serait moins intéressant.
Comment avez-vous vécu les « rapports » avec la caméra ?
Pierre : Ce nest pas facile au départ, comme il nest pas facile dassumer son image après coup. Mais ces impressions sont sans importance : cest le public qui importe. Les images filmées sont un plus pour lui. Il y a donc un impératif essentiel : rester concentré sur son personnage.
Julie : Personnellement, je nai pas été trop dépaysée devant la caméra. Disons que le petit stress éprouvé était comme un stimulant. Et puis la réalisation dun clip est amusante : on se prend vraiment au jeu...
Chanter en anglais : une épreuve ? un défi ? la réalisation dun rêve ?
Julie : Cest plutôt drôle...
Pierre : Tout à fait daccord, mais cest le travail bien fait qui nous apporte cette joie. Travailler laccent et puis la justesse...
Si ce travail vous enchante, cest sans doute que vous nêtes pas des néophytes...
Pierre : Je joue de la guitare et du djembé, mais je nai aucune formation comme chanteur.
Julie : Jen suis à ma onzième année de piano et je me suis formée au chant pendant un an.
Que retenez-vous dès maintenant de cette expérience ?
Pierre : Je crois que nous avons appris à nous dépasser en assumant un rôle peut-être lourd, mais bien agréable. Notre aventure nest dailleurs pas diff érente de celles des autres, même sils ont moins de texte et moins de présence sur scène. Chacun est important. Le succès de la pièce est laff aire de chacun de nous.
Julie : Cest vrai, mais le plus dur reste à venir : il faudra supporter la pression, encaisser les inévitables critiques. Ça fait partie du jeu.
Et si la Fête devait un jour disparaître, quel serait votre sentiment ?
Julie : Ce serait dommage car cest un événement qui mobilise et intéresse beaucoup de monde. Pierre : Cest évident : non seulement le spectacle présente de lintérêt pour les jeunes et les moins jeunes, mais il est réalisé par des tas de gens. À ceux quon voit sur scène, il faut ajouter les techniciens et tous ceux qui donnent un peu ou beaucoup de leur temps, les équipes « restaurant » ou « vestiaires »,.... Lessentiel, finalement, cest lapport humain sous ces multiples formes...
Cette formule heureuse sera notre conclusion. Merci.
A.L.